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quatrième de couverture

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  « Plus conne que ça, elle en serait morte de honte. Voilà des jours qu’elle s’était promis de graisser cette serrure récalcitrante. Hier encore, elle avait noté l’huile de machine à coudre sur sa liste de courses. Mais, bien entendu, ça ne faisait pas partie de ses priorités. Arrive aujourd’hui l’inévitable : en tricotant avec le pêne, la tige de la clé vient juste de se briser à ras le panneton ! Pas nécessairement à cause de la rouille du mécanisme (l’immeuble n’est pas assez vieux pour ça) mais bien plutôt à cause de sa précipitation matinale. Tenaillée entre un besoin pressant et une porte rebelle, Charlotte reluque la cuvette comme une issue probable. Elle relève l’abattant et, en parallèle, sa courte nuisette. Lorsqu’elle s’assied sur la lunette, rage et abandon lui déchirent le visage. » (…)

les saisons précédentes, en un mot comme en cent

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A son réveil, Charlotte se retrouve dans un grenier inconnu au mobilier minimaliste. Deux tabatières dans le toit, une trappe close sur le plancher et une porte béante dans le mur (sans doute un ancien accès pour empiler la paille et le foin). Par qui, pourquoi et comment est-elle arrivée là, nul ne le sait, ni ses proches qui la recherchent, ni elle-même, ni même vous, lecteurs ! Cinq journées d'angoisse et de (presque) solitude qu'elle vous fait vivre mot à mot, d'espoir en désillusion, de déboires en révoltes, d'imagination en réalité. Un huit-clos hallucinant. ... et encore ! Ce n'est que la première saison. Août 1999. De retour chez elle, Charlotte doit faire face à l’incrédulité de son entourage. En effet, beaucoup mettent en doute la véracité de son aventure. Aussi, Charlotte est-elle tenue de rédiger le récit complet de ses journées de captivité (la première saison du récit). Néanmoins, entre ses entretiens avec son psy’ et le coaching de son travail d’écrit...
  EPIDOSE 3.1 UN MARDI 5 AOÛT, 4 ANS PLUS TARD [08 :00] Plus conne que ça, elle en serait morte de honte. Voilà des jours qu’elle s’était promis de graisser cette serrure récalcitrante. Hier encore, elle avait noté l’huile de machine à coudre sur sa liste de courses. Mais, bien entendu, ça ne faisait pas partie de ses priorités. Arrive aujourd’hui l’inévitable : en tricotant avec le pêne, la tige de la clé vient juste de se briser à ras le panneton ! Pas nécessairement à cause de la rouille du mécanisme (l’immeuble n’est pas assez vieux pour ça) mais bien plutôt à cause de sa précipitation matinale. Tenaillée entre un besoin pressant et une porte rebelle, Charlotte reluque la cuvette comme une issue probable. Elle relève l’abattant et, en parallèle, sa courte nuisette. Lorsqu’elle s’assied sur la lunette, rage et abandon lui déchirent le visage. Ses fondements se relâchent, des larmes lui perlent aux yeux. Putain ! La voilà enfermée aux toilettes, avec, pou...
  EPIDOSE 3.2 UN MARDI 5 AOUT [09 :00] Tiens ? Sa propre odeur a fini par s’évanouir mais « Plus puante que ça, tu n’auras jamais été ! », lui rappelle une petite voix intérieure. C’est une hallucination, c’est sûr. Olivia n’existe pas. Olivia n’a jamais existé, putain ! Le retour intempestif de la sale gamine met Charlotte sens dessus-dessous. Elle avait pourtant réussi à la faire disparaitre, non ? Putain, que ce troll est tenace ! Selon ses psychologues de service, M.A. Andersson, et Max auparavant, l’antidote est pourtant simple : il lui suffit de s’occuper l’esprit : décrire un objet dans le détail par exemple, ou opérer un calcul complexe, peu importe ! Le truc ne fonctionne que si elle s’en met plein la tête, qu’il n’y ait plus le moindre gramme de place dans sa cervelle… Heu… Elle ne va tout de même pas entamer la description millimètre par millimètre d’une porte récalcitrante ! Si ? Tant qu’à faire, les mensu...
  EPIDOSE 3.3 UN MARDI 5 AOUT, COMME… [09:30] Charlotte a fermé les paupières pendant ce qu’elle croit être un bref instant, juste le temps de se repoudrer les idées. Mal (ou bien) lui en prend de marquer la pause ! Sous l’emprise d’un salto arrière, la voilà immanquablement transportée quatre ans auparavant ; d’association en différences, la voilà en effet au début d’un mois de juillet caniculaire, plus précisément un mardi qu’on n’oublie (normalement) pas. Tout ce dont elle se souvient, ce sont les vagues circonstances d’un après-midi shopping avec Cindy. Puis, plus rien, si ce n’est, pour être vêtue de trois fois rien, cette canicule omniprésente. De vagues réminiscences la voient encore errer dans les rues en pleurs, pour se caler finalement le cul sur les pavés d’un trottoir (ne lui demande pas où). Elle a encore le souvenir d’un mur qui lui râpe le dos et de ses genoux nus qui se relèvent pour accueillir ses bras en croix sous le museau, comme maintenant. Sa mine es...
  EPIDOSE 3.4 [11 :00] L’énergumène vient de pénétrer sa chambre, putain ! Son intimité est mise à nu, d’autant plus violemment que, selon les circonstances du moment, elle n’a aucune possibilité d’y couper. Imagine néanmoins que le type l’aie surprise au lit, en plein sommeil, comment aurait-elle pu s’en défendre ? A vrai dire, Charlotte se sent bien trop moche pour inspirer un viol (en… mauvaise ou due forme), bien trop misérable aussi pour qu’on lui envie ses rares trésors. Charlotte pressent d’ailleurs que les intentions du visiteur sont autres. Ne le guide ni luxure ni  luxe, apparemment. Pourquoi s’attarde-t-il alors dans la chambre sans ouvrir aucune porte d’armoire ni aucun tiroir ? Que cherche-t-il, qu’espère-t-il d’elle, de sa toute petite personne ? Quant à elle, déjà réduite à l’obscurité et à quelques pauvres mètres-cubes d’oxygène, il ne lui reste plus que l’ouïe pour percevoir le monde extérieur. « Et l’intuition, Charlotrinette, l’...
  EPIDOSE 3.5 [12 :00] L’écrivain raté, quadragénaire porté sur la vinasse et qui scribouillait à la petite semaine pour des étudiants en mal de thèse ou des écrivassiers en quête de prix, n’était pourtant pas le portrait que Justine eut plié dans son portefeuille. Engagé néanmoins par cette dernière pour superviser le « travail obligé » de Charlotte - tu t’en rappelles, de cette thérapie par l’écriture ? -, Jaunes s’était peu à peu imposé à elles-deux comme un personnage incontournable, voire même inéluctable. Et tandis qu’il corrigeait les épreuves de Charlotte, l’œil bienveillant dont il semblait paterner « la pauvre petite » ne servait finalement que de prétexte ou d’alibi à celui, plus concupiscent, qu’il posait sur les formes juvéniles de la sœur ainée. D’où Justine l’avait-elle péché, ce bonhomme au rire chevalin et à l’accent de Bruxelles ? Où avait-elle bien pu faire la connaissance de ce type cradingue,  amateur de bouteilles et de bons ...